Sébastien Degrange nous a rejoint le 1er février dernier. Éducateur chevronné, il livre ici ses premières impressions et donne son avis sur le monde de la formation.

Tu as passé une grande partie de ta carrière à la tête du centre de formation de Dijon, qu’est-ce qui t’a poussé, quelques mois après avoir quitté le poste que tu occupais depuis vingt ans, à choisir Angers ?
Je n’ai pas quitté mon poste à Dijon de mon propre chef. Après 20 ans de présence, le président m’a fait savoir qu’il n’avait aucun reproche à me faire mais qu’il avait besoin de changement. Il voulait certainement amener une nouvelle dynamique. C’est probablement une façon de voir les choses, moi je suis plutôt pour la stabilité, surtout dans la formation. J’ai eu par la suite quelques opportunités dans le monde des seniors, mais aujourd’hui, c’est le milieu des jeunes et de la formation qui me plait parce que c’est là qu’on peut vraiment agir en tant qu’éducateur. On touche à la fois l’homme en devenir et le footballeur. On sait qu’on n’en fera pas tous des footballeurs professionnels, mais la satisfaction c’est de pouvoir se dire qu’on en a fait des hommes qui sauront s’en sortir dans la vie soit à travers le football, soit à travers un autre métier. Et ça c’est une vraie satisfaction. Pour moi dans un centre de formation, comme celui d’Angers, Geneviève qui s’occupe du secrétariat, Franck, patron de la cuisine, mais aussi tous les autres, à commencer par Vincent qui s’occupe des questions socio-éducatives, tous les acteurs sans exception ont tous un rôle important à jouer et font partie de ce que j’appelle l’équipe éducative.
Qu’est-ce qui caractérise ton fonctionnement ? Quelle est ta ligne directrice ?
Mon fonctionnement est simple. Je suis dans le coopératif et dans le constructif. Ce n’est pas parce que j’ai un diplôme, un BEFF, ou parce que je suis directeur que j’ai la science infuse. Nous avons tous quelque chose à nous apporter les uns aux autres. Nous devons nous servir tous de notre vécu de nos parcours pour nous améliorer mutuellement et nous hisser vers le haut et ainsi d’améliorer encore davantage la formation au SCO qui a déjà un bon niveau, elle l’a prouvé par le passé, à travers le très bon travail réalisé par Abdel [Bouhazama] et son équipe. Quand je vois le nombre de joueurs formés ici et valorisés, je trouve cela vraiment extraordinaire. Pourtant, ce n’est pas un club qui a les moyens de Paris, Rennes ou Lyon, mais aujourd’hui quand je vois que des Mohamed-Ali Cho, Nicolas Pépé ou Rayan Aït-Nouri sont sortis d’ici, je trouve ça top.
Après deux semaines de présence à la Baumette (entretien réalisé le 15 février 2023) comment trouves-tu le niveau de nos jeunes ?
Plutôt étonné positivement. Je n’ai pas encore eu le temps de voir jouer toutes les équipes, mais les matchs que j’ai vus et les entraînements que j’ai suivis m’amènent à constater que la qualité est indéniablement là.
Quels sont les nouveaux chantiers que tu comptes lancer ?
Il y a un gros boulot qui a été déjà fait. Je ne compte pas toucher à grand-chose mais apporter ma touche ici et là, et si je puis me permettre, en accord avec le Président, je souhaiterais ajouter des personnes à certains postes pour améliorer le fonctionnement et donc la performance.
Si on devait prendre de la hauteur, avec ton regard de technicien qui connaît bien le monde de la formation, quel diagnostic fais-tu de celle-ci à l’échelle nationale ?
La formation en France est bonne, mais elle pourrait être meilleure si les clubs entendaient les statistiques qui sortent chaque année : aujourd’hui en pro, 90% du temps de jeu est réalisé par 18 joueurs en moyenne et on a une moyenne de 25-26 joueurs, parfois 32 à 35, en effectif pro par club. Aujourd’hui des Présidents de club payent des joueurs souvent fortement pour 10% du temps de jeu alors que cet argent pourrait être dirigé vers la formation. À l’arrivée cette statistique parlante montre que si on misait sur un effectif de moins de 20 joueurs, l’on miserait forcément davantage sur la formation et sur les jeunes. Ce cercle vertueux permettrait de découvrir des pépites plus régulièrement. C’est ce que font ailleurs de très grands clubs européens comme le Réal ou le Bayern.