Entretien Farid El MelaliEntretien Farid El Melali
À quelques jours du déplacement sur la pelouse du Stade Rennais, Farid El Melali s’est confié sur son parcours atypique, marqué par des sacrifices, une détermination sans faille et une passion immense pour le football.
Dans cet entretien, il revient sur son enfance en Algérie, son arrivée en France et ses ambitions. Avec une sincérité touchante, Farid partage pour vous les moments forts de son parcours, ses souvenirs marquants avec Angers SCO, et son attachement profond au Club et à ses supporters.
“Le match contre Rennes, on sait que ça va être un gros défi. C’est une équipe solide, mais on travaille bien toute la semaine pour être prêts. On va faire tout ce qu’il faut pour atteindre notre objectif qui est de remporter le match et ramener les trois points. Ensuite, il y a la Coupe de France. C’est une compétition différente, mais il faut tout faire pour se qualifier au prochain tour. Même si on joue contre une équipe de Nationale 2, il faut respecter l’adversaire et jouer avec sérieux.”
“J’ai commencé à jouer au foot à l’âge de huit ans, dans un petit village à Larbaâ, en Algérie. Un jour nous avons joué un match amical contre le Club de Paradou. J’avais fait un bon match et Paradou a décidé de me recruter. Ce n’était pas facile car c’était loin de chez moi, les trajets étaient compliqués. Souvent, je prenais deux bus pour aller à l’entraînement. Pour rentrer, ce n’était pas simple car il était tard, je prenais un taxi que je payais avec mon argent mais je n’en n’avais pas beaucoup donc c’était trop compliqué. Quand je n’avais pas de solution pour rentrer chez moi, je restais chez un ami : Abdelmoumene SIFOUR, aujourd’hui il est gardien de but à l’USM Alger. Sa famille m’a beaucoup aidé, et je leur suis toujours reconnaissant.
Pendant deux ans je faisais les allers-retours, j’ai galéré avec les transports mais je n’ai pas lâché. C’était une période de sacrifices, mais j’avais un objectif en tête : réussir dans ma vie et devenir footballeur professionnel.”
“Le Coach de l’Académie de Paradou, Olivier Roussi m’a remarqué. J’ai donc fait les essais pour intégrer l’Académie pendant deux semaines puis ils m’ont accepté. J’ai donc intégré le Centre de Formation, c’était plus simple car je n’avais plus le problème des transports. Je ne rentrais chez moi que les week-ends. Nous avions tout sur place : l’école, les repas, les entraînements.
On avait des règles strictes, même sur le terrain. Par exemple, on devait jouer pieds nus pour travailler notre technique. Ce n’est qu’après avoir réussi tous les tests qu’on pouvait jouer avec des chaussures*. C’était difficile, mais cela m’a appris à maîtriser le ballon et à développer ma technique. La vie à l’académie était intense : on s’entraînait le matin, on allait en cours, puis on s’entraînait encore l’après-midi.”
* Un des principes de la méthode de Jean-Marc Guillou, qui a travaillé avec l’Académie de Paradou.
« Petits, on devait jouer pieds nus pour travailler notre technique. »
“Oui c’est ça. Je rentrais voir ma Maman et mes quatre soeurs. Mon papa est décédé en 2010, j’avais 13 ans. C’était très dur. Quand il est parti, j’ai compris que je devais prendre soin de ma mère et de mes sœurs. Je suis le plus jeune de la famille, mais j’étais le seul garçon alors j’ai pris cette responsabilité. C’est lui qui m’a donné la force de me battre. À cet âge, entrer à l’académie était un choix difficile, car cela signifiait quitter ma famille la semaine, pour ma mère aussi c’était compliqué de laisser son fils mais elle savait que c’était pour mon bien. C’était mieux pour moi d’entrer à l’Académie et travailler pour faire ce métier plutôt que de rester dehors.”
“J’étais avec l’équipe professionnelle de Paradou quand j’ai été repéré par Angers SCO. Le Club avait vu des vidéos de mes matchs, et j’ai été invité pour venir faire un essai. J’ai d’abord fait des séances avec la réserve, puis je suis monté avec l’équipe professionnelle. C’était durant la préparation de la saison, nous avions un match amical contre Nantes, le Coach, m’a demandé de venir avec le groupe. J’ai joué 30 minutes, et ça s’est bien passé. Ensuite, je suis parti en stage avec l’équipe en Autriche. Durant ce stage, nous avons joué contre West Ham, j’ai commencé titulaire et j’ai fait ce qu’il fallait. J’avais un objectif c’était de rester ici, je ne voulais plus partir donc j’ai vraiment tout donné. Le Président et le Coach ont décidé de me garder, et c’est là que mon aventure à Angers SCO a vraiment commencé.”
“Au début, c’était dur. Je ne connaissais personne, je ne parlais pas la langue française, et j’étais loin de ma famille, je me suis retrouvé tout seul. Je n’avais que le foot ce n’était pas tous les jours faciles, mais le Club m’a beaucoup soutenu. Sur le terrain, je me suis concentré sur le travail. À chaque séance, je me disais que je ne devais pas rater cette chance. Aujourd’hui, je suis fier de mon parcours.”
“Oui ma mère est ce que j’ai de plus cher dans ma vie. Elle a toujours été là pour moi, quand je n’avais rien, quand j’étais dans la souffrance, elle m’a toujours soutenu donc aujourd’hui tout ce que je fais c’est pour elle, mais ce n’est rien pour moi, c’est normal. Tout ce que je veux c’est prendre soin d’elle. ”
“Il y en a plusieurs. Mon but contre Nantes à la Beaujoire, après trois mois de blessure, reste un moment spécial. Je n’ai joué que quelques minutes et marquer ce but de la victoire a été vraiment spécial car Angers SCO n’avait pas gagné depuis longtemps là-bas. J’étais trop content.
Jouer contre Arsenal en amical était aussi un rêve devenu réalité. Depuis petit je rêve de jouer contre des grands clubs et en plus j’avais marqué un joli but.
Enfin, la montée en Ligue 1, c’était une récompense pour tout le travail du groupe. On était comme une famille, et vivre ça ensemble a été magique. On s’est battu toute la saison pour remettre Angers SCO à sa place en Ligue 1 car c’est la place d’Angers SCO. C’était important pour les supporters, pour le Club, pour nous-mêmes. ”
Dans le vestiaire, je pense que je fais partie des anciens. Je me porte bien. Je suis exemplaire. Quand des nouveaux joueurs arrivent, j’essaie de les accompagner pour qu’ils fassent les choses bien. Je m’entends bien avec tout le monde. Il y a une belle ambiance.
« Petit Claude, je l’aime trop. Ça fait presque 35 ans qu’il est au Club. J’aime trop l’embêter tous les jours, lui aussi m’embête beaucoup. C’est une bonne personne. Il est trop gentil avec nous, et j’adore le voir tous les matins. »
“Les dribbles, c’est naturel pour moi, c’est mon style de jeu. J’aime provoquer et créer des décalages. Mon dribble préféré ? Le petit pont, sans hésitation. Mais aujourd’hui, je travaille aussi beaucoup sur d’autres aspects du jeu, comme les replis défensifs. Cela demande de la discipline, mais c’est important pour aider l’équipe. Je dois pouvoir aider l’équipe défensivement et offensivement, il n’y a pas que les dribbles ou les petits ponts, je dois aussi penser à mes coéquipiers et ça je l’ai beaucoup travaillé. Pour avoir le physique et la capacité d’enchaîner les allers-retours, je n’aime pas forcément défendre mais je suis obligé, j’écoute les conseils du Coach et pour l’équipe je le fais. »
« À Marseille, j’ai senti que j’allais marquer un but. »
“Oui, je m’entraîne davantage sur les coups francs. Contre Marseille, j’ai senti que j’allais marquer un but. Avant même que le mur se place, avant que le gardien… Je l’ai ressenti. Ce sont des exercices qui demandent beaucoup de répétitions et d’observation. Cette saison, je travaille plus sur ces détails pour apporter quelque chose de nouveau à l’équipe.
Contre Lyon, c’est vraiment dommage qu’il n’y ait pas eu but car je pense que ça aurait été un très beau but.”
« Il y a beaucoup de choses qui ont changé. En 2018 j’étais jeune, un peu perdu. Je ne savais pas toujours quoi faire, c’était la jeunesse. Maintenant j’ai 27 ans je sais ce que je dois faire. J’ai beaucoup progressé et mûri. J’ai appris à être professionnel, c’est-à-dire bien manger, bien dormir, bien s’entraîner, ne pas tricher et toujours se donner à 100%. L’hygiène de vie c’est très important et ça au début je n’en n’avais pas conscience. Les soins aussi, le renforcement avant l’entraînement… J’ai appris toutes ces choses au fil des années.”
“Avoir porté le maillot de l’équipe nationale algérienne est une immense fierté. Je travaille dur pour avoir l’opportunité d’y retourner. Représenter mon pays, c’est quelque chose d’unique et de très spécial. C’est mon rêve depuis que je suis tout petit.”
“Angers SCO, c’est une famille. Le club m’a aidé dans les moments difficiles, et je lui dois beaucoup. Ici, j’ai trouvé un environnement où je peux m’épanouir, sur et en dehors du terrain. Je suis fier de porter ce maillot et de donner tout pour le Club et ses supporters.”