Interview Chabot / Ben MahmoudInterview Chabot / Ben Mahmoud
De retour de la Coupe du Monde U17 à laquelle ils ont participé, respectivement avec la France et la Tunisie, Max-Edgar Chabot et Yessine Ben Mahmoud reviennent sur cette expérience extraordinaire qui les a fait grandir sportivement et humainement.
Max-Edgar : « Pour ma part, c’était d’avoir une très grande fierté de pouvoir participer à une Coupe du Monde, parce que je pense que c’est le rêve de tout footballeur. Et surtout, représenter son pays dans une compétition comme ça, c’est juste énorme. On représente notre club, notre famille et notre pays. C’est incroyable. »
Yessine : « Comme il l’a dit Max, c’est une grande fierté, bien sûr. La Coupe du Monde, c’est un rêve d’enfant. On a l’impression d’avoir réalisé un rêve. »
Yessine : « J’en ai directement parlé à Max quand on a appris qu’on était convoqués, comme quoi peut-être qu’on se croiserait, et au final, on s’est croisés. »
Max-Edgar : « On a eu la chance d’être dans le même hôtel. Quand on l’a appris, on s’est envoyé un message, pour se donner rendez-vous. Et puis on a parlé un peu. »
Yessine : « Quand je suis arrivé le matin au petit-déjeuner et que j’ai vu sa tête, on a beaucoup rigolé. On se voyait souvent. »
Max-Edgar : « Et puis même, je m’intéressais aux résultats que Yessine faisait, à ses performances, etc. »
Les deux : « De La Baumette au Qatar. C’est la phrase qu’on s’est dit. »
Yessine : « Le matin, on avait petit-déjeuner. Puis, on avait du temps libre jusqu’à midi, où on avait une séance vidéo sur nos adversaires. Vers 16h, on avait renforcement et prévention musculaire. Puis, on avait une collation vers 19h, avant de partir à l’entraînement. On ne choisissait pas les horaires d’entraînement, pour des raisons climatiques et liées à nos dates de matchs. »
Max-Edgar : « Mes journées étaient similaires. J’avais réveil musculaire le matin. On avait également scolarité dans la journée. On essayait de suivre encore avec les cours, parce que c’est important. Ensuite, on avait analyse vidéo avant de partir manger. L’après-midi, on avait repos puis vidéo à nouveau. Et après, on partait en séance. »
Yessine : « Notre scolarité était en autonomie. C’était important de suivre même si c’était difficile, car on avait la tête à jouer une Coupe du Monde. »
Max-Edgar Chabot et Yessine Ben Mahmoud.
Yessine : « Je pense qu’on a eu la poule la plus compliquée du tournoi, avec l’Argentine, la Belgique et les Fidji. L’Argentine, est l’équipe la plus forte contre laquelle j’ai joué dans ma vie. Ça m’a montré aussi où je me situais. La Belgique était aussi une très bonne équipe. On aurait pu gagner les deux matchs, contre l’Argentine et la Belgique, mais on n’a pas suffisamment bien joué le coup. On a également eu certains joueurs qui se sont blessés. Ça fait que l’effectif a été réduit. On s’en est quand même bien sorti. »
Max-Edgar : « Pour ma part, je l’ai vécu différemment de Yessine car j’étais sur le banc en tant que deuxième gardien. Ça reste un rôle important car il faut motiver nos coéquipiers. On avait une poule au-dessus de nos attentes. C’était une très bonne poule. L’Ouganda en particulier nous a surpris. Ça a été compliqué au départ. »
Yessine : « Le niveau international, bien sûr, c’est le plus haut niveau. Ça nous montre où on se situe aujourd’hui. Max et moi, on sait qu’on a beaucoup à faire pour arriver jusqu’en professionnels. On est loin de notre objectif, mais on avance. C’est une motivation. La Coupe du Monde, ça ne peut que t’apprendre. »
Max-Edgar : « Pour revenir sur le niveau, chaque pays est censé regrouper les meilleurs joueurs des générations. Là, c’était la génération 2008. J’ai trouvé que ce n’est pas les mêmes exigences par rapport aux demandes des coachs à l’entraînement. Ils attendent plus de nous, surtout techniquement. Parce qu’on doit montrer. »
Yessine : « Il y a aussi une pression à gérer. Avec la Tunisie, on avait un public exceptionnel. On avait des chants à nos noms… ils nous ont fait vibrer. Si c’était à refaire, je le referais tous les jours. J’ai aimé jouer pour la Tunisie. Il y a vraiment beaucoup de monde qui est venue nous supporter. Quand on jouait contre une équipe, on voyait à peine le public de l’équipe adverse. Comme pour Max quand il a joué contre l’Ouganda. »
Max-Edgar : « Oui, l’Ouganda avait beaucoup de supporters. »
Max-Edgar : « C’est sûr que c’est différent. Parce que maintenant, si on perd, on est éliminé. On n’appréhende pas les matchs de la même façon. Avec la France, on s’était bien préparé pour le match contre la Colombie. Il y avait un peu plus de pression parce qu’on avait envie d’aller le plus loin possible. C’est important de tout donner. »
Yessine : « C’est vrai qu’il y a plus de pression. Mais il y a aussi le fait qu’on joue en sachant qu’on a rien à perdre. C’est toi contre toi-même. Soit l’équipe joue bien et tu peux te qualifier. Soit vous jouez peut-être bien, mais il y a des choses qui font que vous ne gagnez pas le match et que vous ne passez pas. Au final, c’est ce qui nous est arrivé. On a super bien joué, on a dominé le match mais, vers la fin, un fait de match a fait que nous nous sommes inclinés. On a perdu contre l’Autriche, qui a fini finaliste. »
Yessine Ben Mahmoud.
Yessine : « J’ai fait un bon match. Mais quand je regarde, je pense que j’aurais pu donner encore plus pour l’équipe parce que je sentais que c’était un match lors duquel j’aurais pu faire quelque chose. On repart presque sans regrets. On ne mérite pas de perdre 2-0. Après, c’est le foot, c’est comme ça et on apprend de nos erreurs. On repart la tête haute. »
Max-Edgar : « Le match face à la Colombie était un bon match. On menait 1-0 à la mi-temps. Rien n’était fait encore. C’était important d’encourager l’équipe pour qu’ils se donnent à fond. On double la mise à la 90ème minute et c’est là qu’on a su qu’on était qualifiés.
Face au Brésil, c’était important de soutenir le gardien titulaire (Ilan Jourdren, RC Lens) qui allait faire face à une séance de tirs au but, de lui dire que c’est son moment, car c’est à lui de faire la différence, surtout dans ces moments-là. Il avait fait un bon match contre le Brésil. En plus, affronter le Brésil, ce n’est pas tous les jours, surtout en Coupe du Monde. Il a fait une bonne série de pénaltys. Il en a détourné un. C’était important de l’encourager et de lui montrer qu’on était tous présents derrière lui et derrière nos tireurs aussi. »
Max-Edgar : « Je pense que Yessine sera d’accord avec moi. Je trouve qu’on est ressortis grandis de cette aventure. Que ce soit déjà aux entraînements pendant un mois, s’entraîner tous les jours, mettre l’exigence au maximum, se donner à fond à 100%… c’est une aventure qui nous permet de ressortir grandis et qui nous prépare au haut niveau, à se donner à 100% tout le temps, à être présent techniquement, même sur le terrain, à améliorer la communication… Elle nous a rendu matures. Et puis humainement, c’était fou. Ça montre à quel point il y a des personnes qui nous soutiennent et qui veulent nous voir réussir. C’est incroyable. Chanter son hymne national avant un match aussi, c’est une fierté, comme un rêve. »
Yessine : « Quand tu fais la Coupe du Monde, c’est la meilleure compétition au monde. Ça donne envie de faire une grande carrière et de revivre des compétitions comme celle-là. Quand tu fais la Coupe du Monde, c’est la meilleure compétition au monde. Humainement, ça nous a fait grandir et ça nous a fait gagner en maturité. »
Max-Edgar Chabot.
Yessine : « Je pense qu’il faut repartir avec une plus grande exigence encore et montrer aux coachs qu’on vient de faire la Coupe du Monde, qu’on sait ce que le haut niveau demande. On sait aussi qu’on est loin de notre objectif et qu’il faut travailler encore plus. Je pense que c’est une fierté pour eux aussi. »
Max-Edgar : « Il a raison. Depuis que je suis revenu, je n’ai qu’une envie, celle de monter les étapes pour passer en professionnel, en commençant par les entraînements. C’est l’objectif. En championnat, on est premiers. On est sur une bonne lancée. Il faut continuer comme ça. Pour ma part, je veux retrouver du temps de jeu en match parce que pendant un mois, je n’ai pas joué en match. La Coupe du Monde nous a appris beaucoup de choses. »
Yessine : « C’était incroyable la Coupe du Monde. Rien que d’en parler, j’ai des flashbacks. »
Max-Edgar : « Et puis la cohésion de groupe était incroyable. Pour vous aussi avec la Tunisie je pense. »
Yessine : « Et qui sait, peut-être qu’on jouera ensemble à Raymond-Kopa un jour ! »