Entretien Laurent BoissierEntretien Laurent Boissier

À l’approche de la fin de l’année 2024, Laurent Boissier, directeur sportif d’Angers SCO, partage son regard sur une année marquée par de grands défis et une remontée mémorable en Ligue 1.

Découvrez ses réflexions sur le travail accompli, les enseignements tirés de ces quinze premières journées de championnat et ses aspirations pour 2025.

L’année 2024 touche bientôt à sa fin. Comment l’as-tu vécue ?

Comment je l’ai vécue ? Je l’ai vécue comme une année stressante et palpitante à la fois, avec un objectif qui a été atteint, même s’il n’était pas défini dès le départ, puisqu’on m’avait donné comme plan de route une remontée sous trois ans.

Au fil des matchs, on a vu que c’était réalisable et ça a été un grand bonheur d’aller chercher la montée en Ligue 1.

Si on reprend chronologiquement, un début d’année mitigé entre janvier et février malgré deux belles victoires face à QRM et Rodez…

Ça a été compliqué parce que nous n’étions pas dans nos objectifs et on s’est retrouvés dans une période délicate, avec pas mal de joueurs absents et blessés à ce moment-là, des joueurs importants. Les résultats ne s’enchaînaient pas, avec des défaites cruelles et illogiques qui nous ont mis dans le doute.

Heureusement, on a su réagir assez rapidement et maintenir le cap à domicile, ce qui nous a permis de rester en haut du classement.

Une dernière partie de saison de Ligue 2 exceptionnelle, avec seulement deux défaites en douze matchs et cette montée en Ligue 1.

Oui, on a bien fini la saison. On a juste eu un passage à vide contre le Paris FC qui nous a coûté la deuxième place à ce moment-là. Mais on a su réagir et récupérer, ce qui nous a permis de nous retrouver aujourd’hui en Ligue 1.

Tu as déjà vécu des montées.

J’ai vécu la montée quatre fois : trois fois en tant que dirigeant (Nîmes Olympique : 2012, 2018 et Angers SCO : 2024) et une fois en tant que joueur (avec le SC Toulon en 1996).

Quelle est la recette ?

Je pense qu’il n’y a pas de recette. La clé, c’est un groupe et un état d’esprit. Aujourd’hui, on me colle l’étiquette d’un dirigeant qui fait monter des clubs de Ligue 2 en Ligue 1. C’est réducteur, mais je l’accepte volontiers. Peu de directeurs sportifs peuvent dire qu’ils sont parvenus à faire monter deux clubs différents avec des budgets limités.

Cependant, une réussite comme celle-ci ne peut pas être personnelle car seul, on ne peut rien faire. Elle est le fruit d’une direction, du staff, de joueurs et des employés du club. Personne ne peut s’accaparer cette réussite.

Était-ce important de remonter dès la première année ?

Important, oui. Vital, non. Le propriétaire nous avait donné un plan sur trois ans pour retrouver la Ligue 1. Peu de clubs arrivent à remonter aussi rapidement. Le faire était essentiel pour le Club et nos supporters qui nous soutiennent toujours et sont avec nous dans les bons et les moins bons moments.

Qu’as-tu ressenti au soir du 17 mai (le soir de la remontée) ?

Un grand soulagement et une énorme fierté. Ce n’était pas évident. C’était une saison compliquée, marquée par des événements difficiles, notamment dans la vie d’Alex. Ma première pensée a été pour lui, puis pour mon Président.

Comment as-tu travaillé et vécu le mercato estival ?

J’avais déjà vécu des mercatos similaires à Nîmes. Cet été, le club avait des moyens limités, surtout après l’épisode des droits TV en juin. Nous avons recruté sans dépenser un euro, en misant sur des joueurs qui allaient nous apporter quelque chose, comme Bamba Dieng, Haris Belkebla ou Jim Allevinah, Carlens Arcus, Jean-Eudes Aholou… Je suis assez satisfait de ce qu’on a fait.

C’était un mercato basé sur le travail et la réactivité et l’opportunité, combinés à notre travail de repérage en amont.

Es-tu satisfait de cette première partie de championnat en Ligue 1 ?

C’est paradoxal. Avec 13 points, je ne peux pas être satisfait de notre classement. Ce n’est pas suffisant. Cependant, je suis content du travail réalisé, de l’éclosion de certains joueurs et du jeu produit. Nous avons attaqué la saison difficilement avec un groupe amoindri, puis nous avons pris des points importants, avec une victoire à Monaco et un match nul à Marseille, mais nous devons faire mieux. Nous aurions par exemple pu rapporter plus de choses de Toulouse, Auxerre ou Rennes.

Quels matchs de 2024 t’ont marqué ?

Le match contre Concarneau a été un déclic (Ligue 2 J30, menés 2-0 à la mi-temps, puis victoire 2-4). Celui contre Annecy (Ligue 2 J37, victoire 1-2 dans les arrêts de jeu) est, pour moi, le match de la montée. En Ligue 1, le math nul contre Marseille au Vélodrome était une énorme performance. La première victoire à domicile contre Saint-Étienne était très importante, pour nous et pour nos supporters.

Sur cette année 2024, plusieurs joueurs du centre de formation ont éclos, comme Justin Kalumba ou Sidiki Chérif. Comment travailles-tu avec le centre ?

Un club comme le nôtre ne peut pas se passer de son centre de formation. Si on en a la possibilité, je pense qu’il faut mettre encore plus de moyens en œuvre là-dedans car, pour nous, dans un football qui doit se réinventer, les revenus passent aussi par la formation. Je travaille en étroite collaboration avec le directeur du centre et les entraîneurs. Je suis le plus régulièrement possible présent aux matchs des jeunes pour identifier les talents et les amener rapidement à Alex avec l’équipe première.

Que nous réserves-tu pour 2025 ?

Travailler humblement et loyalement, tout en donnant à Alex les moyens de faire avancer l’équipe. J’aimerais surtout que nous redevenions conquérants à domicile pour offrir des résultats positifs à nos supporters.

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