Interview Pierrick CapelleInterview Pierrick Capelle

Quelques jours après avoir franchi la barre des 300 matchs en Noir&Blanc, Pierrick Capelle revient sur ses années au Club et ses meilleurs souvenirs.

Bonjour Pierrick. Récemment, tu as franchi la barre des 300 matchs en Noir&Blanc. Peux-tu nous décrire ce que cela te fait, maintenant que tu as pu prendre du recul sur ce cap ?

C’était un cap qu’on avait évoqué avec mes proches en début de saison, que si la saison se passait bien et que je n’étais pas blessé, je pouvais l’atteindre. Forcément, c’est une grande fierté, parce que de durer dans le foot, ce n’est jamais simple, mais qui plus est dans le même club, c’est de plus en plus rare, donc je suis très fier de ça.

300 apparitions, ça fait beaucoup de souvenirs… Tu te rappelles de ton premier match ?

Ma première apparition était à Montpellier, en 2015, lors du premier match de championnat. On gagne 2-1, il me semble, et c’était un beau souvenir, même si je rentre sur la fin. J’étais très heureux. On a gagné donc c’est un très beau souvenir pour ma première.

Pierrick Capelle lors de sa première saison au Club (FC Lorient – Angers SCO, 5ème journée de Ligue 1).

Dès ta première année, tu décroches le titre de « But de la Saison » après ton but incroyable à Guingamp. Tu peux nous raconter ?

Sur cette première saison, c’est le fait marquant. Je n’ai pas beaucoup joué dans la première partie de saison, et à partir de janvier, j’ai pu enchaîner les matchs et les buts aussi, ce qui me faisait gagner en confiance.

Qu’est-ce qui t’est passé par la tête au moment de frapper ?

Ce but est arrivé complètement à l’instinct, parce que l’action se développe sur la droite. Moi, je suis dans l’axe et le ballon que veut me donner Thomas Mangani est contré, ce qui fait qu’elle doit arriver sur mon pied, mais finalement elle arrive sur ma poitrine. Instinctivement, je me dis que je vais la contrôler, je vais la frapper, sans trop réfléchir. Et arrive ce super but. J’ai un excellent souvenir de ce moment même si, la petite frustration, c’est de devoir sortir à la suite de ça, étant donné que j’avais le bas du tibia ouvert. Il a fallu me faire des points de suture dans le vestiaire, donc je n’ai pas pu continuer.

Après un tel but, on a forcément envie de continuer à jouer, c’est ce que j’ai dit au docteur.

On le voit d’ailleurs sur la célébration, j’ai quelques secondes d’euphorie, donc je ne sens rien du tout, et puis quand j’arrive sur le côté que les gars me rejoignent, je sens que j’ai quand même quelque chose. Je crois qu’on fait 2-2 d’ailleurs sur ce match-là. Je n’ai pas pu continuer à me battre pour aider l’équipe à essayer de ramener la victoire après ce but-là. C’est le petit regret, mais le but est là pour autant.

Comment as-tu vécu la remise du prix aux Trophées UNFP ?

Un immense bonheur, une grande fierté à nouveau, parce que je suis face à des cadors quand même. Et finalement, c’est moi qui le remporte. J’ai été assez ému, et puis très fier. J’avais une idole qui était Thiago Silva et j’ai reçu le trophée devant lui. On a pu échanger un mot après. Il y a aussi Zlatan Ibrahimovic qui m’a félicité de ce beau but. Il y avait aussi des légendes comme Didier Deschamps, Edgar Davids, Laurent Blanc, Marcel Desailly, donc c’était un super moment évidemment gravé à jamais. Le trophée est posé sur mon bureau juste à côté du cadre des 300 matchs.

Des vingt-quatre buts que tu as marqués sous nos couleurs, c’est ton préféré ? En as-tu d’autres que tu gardes particulièrement en tête ?

C’est mon préféré parce qu’il a reçu le trophée. Après, il y a mon premier but en Ligue 1. C’est tout de suite le deuxième qui me vient à l’esprit. C’était à domicile contre Caen. C’était mon premier but, et en plus je le trouve beau, donc forcément, s’il faut en retenir un après celui de Guingamp, c’est celui-là.

Un troisième, toujours dans la même période, c’est mon but au Parc des Princes. Même si on perd ce match, c’était ma première au Parc des Princes, à nouveau, toute une histoire de première, et devant ma famille. Il y avait un corner pour nous, le ballon ressort, je la reprends en demi-volée et elle va au fond des filets. Ça aussi, ça fait partie de mes meilleurs souvenirs. Après, sur les autres saisons, il y a eu des buts. Il y aura forcément le coup franc à Annecy l’année dernière qui vient ensuite.

En 2022, tu as hérité du brassard de capitaine. Comment as-tu vécu cet ajout de responsabilité ?

C’était une transition dans l’histoire du Club parce que les historiques partaient. On était cinq historiques et quatre sont partis. Je l’ai pris comme un passage de flambeau, une responsabilité importante, parce qu’il fallait absolument continuer à porter les valeurs du Club. Je l’ai pris avec une grande responsabilité, une grande fierté aussi. Ensuite, la saison s’est déroulée comme elle s’est déroulée, pas bien évidemment, mais je pense que je n’aurai aucun regret sur l’engagement que j’ai pu avoir au Club, que ce soit avec ou sans le brassard. J’ai le sentiment d’avoir tout donné, fait le maximum pour réussir et atteindre nos objectifs. Le rôle de capitaine finalement, c’est de montrer l’exemple, d’emmener tout le monde au maximum vers le bon chemin et représenter le Club aux yeux des autres, aux yeux des adversaires, du public. Je pense avoir fait du mieux que je puisse, et avec fierté. Il y a différentes façons de pouvoir contribuer au bien d’un club, au bien d’une entreprise, et le Capitanat en fait partie.

Tu as fait partie de l’équipe qui est parvenue à atteindre la finale de la Coupe de France en 2017. Quel souvenir tu en gardes ?

Le souvenir que j’en ai d’abord, c’est qu’aucun tour n’a été facile et que c’est tour après tour qu’on a réussi à construire cette fabuleuse aventure. Mais c’est une aventure, la Coupe, qui est tellement particulière. Tu es dans une aventure qui peut s’arrêter net. Et à chaque fois, on arrivait à prolonger et passer ce tour supplémentaire. Petit à petit, on a avancé et on a un super souvenir en demi-finale, quand on gagne contre Guingamp. C’était l’explosion de joie à la fin. Surtout parce qu’il y a eu un scénario particulier. On était comme des fous.

La finale, c’était un tout. L’entraînement de veille de match sur la pelouse du Stade de France est un moment particulier, dans le stade vide. Ensuite, il y a l’entrée sur le terrain, pour l’échauffement, avec tout le monde qui est présent, et une bonne partie du stade en Noir&Blanc. C’était un bonheur, un très beau souvenir. Et puis après, il y a ce match accroché. Je n’ai pas eu le bonheur de rentrer dans ce match-là, mais pour autant, j’en garde un très bon souvenir. C’était ma deuxième fois au Stade de France, et cette fois-ci, j’ai pu le faire devant toute ma famille dont mon fils. Je l’ai pris avec moi à la fin et il a pu fouler la pelouse du Stade de France à ses deux ans, donc c’est beau. Il était dans mes bras quand j’ai été récupérer la médaille et serrer la main de tous les officiels.

Tu as aussi atteint le Stade de France avec l’US Quevilly en 2012. Comme on dit, jamais deux sans trois… ?

Ça, c’est une expression, mais forcément que je l’espère de tout mon cœur. Aujourd’hui, on se prépare pour un quart de finale dans deux semaines. Ça sera au moment voulu, parce que ce n’est pas maintenant, mais on garde un focus sur ce quart de finale. Et ensuite, il faut coûte que coûte passer le tour. Ça sera une étape supplémentaire.

Quel a été, jusqu’ici, ton plus beau souvenir au Club ?

Il y a eu des maintiens arrachés, des matchs exceptionnels comme la victoire lors de la première saison contre Monaco à domicile (3-0)… Si je ne devais en choisir qu’un, ce serait la remontée en Ligue 1. Vivre une montée, ce n’est pas donné à tout le monde. Tout le monde ne vit pas ça dans sa carrière. Il a fallu beaucoup de force et de travail pour remonter directement. Tout ça fait que c’est un super souvenir.

Pierrick Capelle lors de la célébration de la montée en Ligue 1.

Tu es un des visages forts du vestiaire. Comment vois-tu ton rôle dans celui-ci ?

J’ai du mal à me considérer comme un « vieux » de 37 ans parce qu’en plus, je fais partie d’un vestiaire qui est jeune. Mais j’imagine que les autres parleraient mieux de moi que moi de moi.

Je n’ai pas changé. Finalement, je suis naturel. J’ai toujours essayé d’être le plus professionnel possible et de montrer l’exemple. C’est ma façon à moi de représenter ce que je suis. Toujours avoir cet état d’esprit de travailleur et ne jamais abandonner et lâcher quoi que ce soit quand c’est dur ou quand ça va bien. Je veux toujours faire en sorte que ça puisse aller du mieux possible. Seul, on ne va nulle part. C’est avec les gars qu’on crée encore plus de force dans la transmission.

Ma mission, elle est là. C’est de sentir que ça adhère et que les valeurs qu’on a au Club depuis toujours soient bien là. Si c’est le cas, c’est mission accomplie. Il faut faire attention à ce qu’elles ne se perdent pas.

Avec qui es-tu le plus proche dans le groupe ?

Je m’entends bien avec tout le monde et j’essaie d’avoir un petit mot pour tout le monde. Chacun est dans son registre aussi. J’essaie de le prendre en compte dans l’échange que je peux avoir avec chacun. C’est dans la bienveillance et toujours dans l’intérêt du club, l’intérêt de l’équipe et celui de la bonne performance. Après, je peux me rapprocher un peu plus de certaines personnes parce que c’est la vie d’un vestiaire aussi.

S’il faut en citer, je suis un peu plus avec Jordan Lefort, Florent Hanin et Esteban Lepaul. Je passe aussi beaucoup de temps avec Mehdi Bahaj (le Team Manager), une personne que j’apprécie énormément. Le plus important, c’est de pouvoir évoluer dans un environnement qui est sain. Je passe un peu de temps avec tout le monde. C’est un tout. Et quand on est bien en phase à l’extérieur, ça facilite encore plus les choses à l’intérieur.

Ces derniers temps, l’équipe s’est donné de l’air dans la course pour le maintien. Comment le groupe vit-il cette lutte ?

C’est très simple. Le groupe ne se sent pas autrement que le fait d’avoir l’envie de travailler pour que ça continue, d’être mordu de continuer à engranger des points. C’est notre objectif principal. Si on peut obtenir le maintien tôt, ça serait vraiment fabuleux parce que, pour avoir connu des maintiens à la dernière journée ou du moins à la fin, ce n’est jamais agréable. En tout cas, on garde cette envie de travail, ce goût de l’effort qui fait qu’on arrive à battre notre adversaire. On veut finir la saison en beauté.

Pierrick Capelle après la qualification à QRM (16èmes de finale de la Coupe de France 2024-2025).

Quel message voudrais-tu adresser aux supporters pour la suite de la saison ?

Évidemment, on a énormément besoin d’eux. On souhaite qu’ils soient le plus nombreux possible au stade, qu’ils nous encouragent le plus possible, qu’on sente vraiment une ferveur bien caractérisée sur cette deuxième partie de saison. Grâce à eux, on a vraiment une force supplémentaire. On sent vraiment le douzième homme, cette force qui vient de l’extérieur et qui nous pousse à continuer les efforts.

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