Interview Yoann AndreuInterview Yoann Andreu
À quelques jours de la reprise des championnats, Yoann Andreu, récemment nommé Directeur du Centre de Formation d’Angers SCO, revient sur ses dix années passées au Club, en tant que joueur puis entraîneur, sur son nouveau rôle ainsi que sur ses objectifs pour l’avenir.
Dix années… Ce n’est pas facile à résumer, mais je dirais que ça a commencé dans le bonheur. On arrive au moment où le club remonte en Ligue 1, c’était une belle histoire pour le club, et pour moi aussi.
À titre personnel, c’était une belle revanche après une période compliquée. J’avais connu la Ligue 1 avec Saint-Étienne, et là je retrouvais ce niveau. Ensuite, il y a eu le maintien, les bonnes performances, et quatre années où on a pérennisé le club en Ligue 1, jusqu’en 2019. Ce n’est pas rien quand on connaît les contraintes financières d’un club comme le nôtre. On a souvent dû surperformer par rapport à nos moyens, mais ça a permis au club de se structurer, de grandir et de s’installer dans l’élite du football français.
De mon côté, la suite a été plus compliquée avec les blessures, jusqu’à devoir arrêter ma carrière. C’était dur à vivre, d’autant que le club traversait aussi une période complexe avec le Covid et l’arrêt de Média Pro. En parallèle, on a tous les deux connu une forme de rebond.
J’ai eu la chance de pouvoir me reconvertir au sein du club, en reprenant un parcours que j’avais commencé à 18 ans comme éducateur. Finalement, que ce soit pour le club ou pour moi, chaque difficulté a été une opportunité de rebond, et aujourd’hui, avec un nouveau cycle en Ligue 1 et ma reconversion en tant que Directeur du Centre de formation, il y a une belle énergie autour de tout ça.
La passion. En tant que joueur, on fait l’un des plus beaux métiers du monde. En tant qu’éducateur, on continue à transmettre, à vivre cette passion, et ça, c’est une vraie chance. On ne le réalise pas toujours, la tête dans le guidon, mais c’est un privilège d’être au bord des terrains chaque jour.
Assez vite. Déjà en tant que joueur, j’aimais transmettre, échanger avec les plus jeunes. Ensuite, j’ai observé énormément de matchs, cherché à m’inspirer de ce qui se fait de mieux, et j’ai senti que je ne me trompais pas.
Il y a aussi une vraie affinité avec la pédagogie, que ce soit en tant que formateur ou en tant que papa. Et j’ai toujours aimé échanger avec tous les profils, du plus jeune au plus expérimenté.
J’ai passé mes diplômes pour ça, mais on ne maîtrise jamais le timing. Si j’ai été nommé, c’est que la Direction me fait confiance, et je tiens vraiment à remercier le Président, Laurent Boissier et Jérome Negroni pour ça.
Je veux rester authentique, me nourrir de toutes mes expériences : joueur en Centre de Formation, hébergé en internat, les directeurs que j’ai eus, ceux que j’ai côtoyés, et les immersions dans d’autres clubs en France ou à l’étranger. J’aborde cette saison avec beaucoup d’envie, de motivation et de confiance également.
« Je veux rester authentique, me nourrir de toutes mes expériences. J’aborde cette saison avec beaucoup d’envie, de motivation et de confiance également. »
D’abord, bien identifier ses qualités et son niveau de motivation. Ensuite, le mettre dans la bonne « zone » d’apprentissage, c’est-à-dire dans le bon environnement d’entraînement, de compétition.
Et il ne faut pas négliger l’environnement global : scolarité, famille, agents. Tout cela est indissociable du projet du joueur. Il faut un discours commun pour l’intérêt du jeune.
Très bien. Je suis satisfait de la reprise, à la fois du groupe U17 mais aussi de toute l’équipe autour du Centre : tous les éducateurs, le staff du centre d’hébergement. Il y a une vraie énergie.
Les jeunes répondent présents en termes de motivation. On va maintenant travailler sur la démarche, les attitudes et habitudes de travail pour renforcer tout ça.
Il y a toute l’équipe autour du Centre de Formation. Chacun connaît son rôle et ses missions pour accompagner au mieux les jeunes sur un projet global : éducatif, sportif et scolaire.
On a des horaires aménagés, des entraînements progressifs, une méthodologie claire selon les catégories et des objectifs définis. Tout est pensé pour les faire avancer.
Oui avec des lycées comme Chevrollier, Sacré Coeur, Wresinski… et même le collège Immaculée sur la Préformation. On travaille aussi avec des partenaires éducatifs. On a par exemple mené des actions sur le cyberharcèlement, les gestes qui sauvent… C’est essentiel de les faire avancer en tant qu’hommes aussi.
Oui, plusieurs évolutions. La philosophie du Club est de mettre les bonnes personnes au bon endroit. Lamine M’Baye a rejoint le staff pro, c’est une belle promotion interne. Anthar Yahia est passé sur la N3, un poste qui correspond à son profil, son parcours et sa pédagogie. Avec la méthodologie qu’il a pu observer à mes côtés pendant une saison en tant qu’adjoint, cette nomination s’est faite naturellement.
Sylvain Blaquart est arrivé après dix ans aux Girondins. C’est une vraie richesse pour nous, il apporte un regard neuf. Il est à la tête des U19, un rôle qui lui correspond bien.
Je suis très content de cette équipe, chacun est à sa place, et on se nourrit les uns des autres pour continuer à avancer.
L’objectif prioritaire est d’alimenter le groupe professionnel. De nombreux jeunes y sont déjà intégrés : certains ont du temps de jeu, d’autres un peu moins, mais la passerelle entre le Centre et l’équipe première fonctionne bien.
Nous plaçons également la méritocratie et la compétitivité au cœur de notre projet. Les groupes d’entraînement sont exigeants, et la répartition du temps de jeu repose avant tout sur le mérite.
L’accompagnement scolaire et éducatif est un autre pilier fondamental. Avec le soutien de l’ESCA, nous visons un taux élevé de réussite aux examens. Par ailleurs, nous travaillons sur les valeurs fortes du Club : solidarité, combativité, optimisme. Si un jeune ne respecte pas les critères scolaires ou comportementaux, cela peut freiner sa progression sur le plan sportif — c’est pourquoi nous y portons une attention particulière.
Enfin, nous avons pour ambition de renforcer la dimension stratégique du Centre de Formation, en misant sur l’attractivité et la performance. Nous valorisons la continuité méthodologique, de l’école de foot à la post-formation : développement des habiletés techniques à l’école de foot, travail cognitif et sur la prise de décision en préformation, puis individualisation et spécialisation à la formation.
« Enfin, nous avons pour ambition de renforcer la dimension stratégique du Centre de Formation, en misant sur l’attractivité et la performance. »
Évidemment, c’est une immense fierté de voir nos jeunes intégrer l’effectif professionnel (Marius Courcoul, Sidiki Chérif, Marius Louër, Oumar Pona, Yassin Belkhdim, Prosper Peter…). Aujourd’hui, dix joueurs sous contrat professionnel sont issus de notre Centre de formation. Parmi eux, cinq viennent de la région Pays de la Loire, et trois sont directement passés par notre Association.
L’objectif à moyen et long terme est d’augmenter ce pourcentage.
Il y a également un impact économique puisque plusieurs joueurs formés au Club ont généré des transferts. Je pense à Rayan Aït-Nouri, Nicolas Pépé, Sofiane Boufal, Jean-Mattéo Bahoya ou encore Mohamed Ali-Cho.
Et même ceux qui ne signent pas ici peuvent rebondir ailleurs : en Ligue 2, National… Et si ce n’est pas dans le football pro, alors dans leur vie d’homme.
C’est aussi facilité par la philosophie du Club, la direction, Laurent Boissier et un staff pro et Coach qui font confiance aux jeunes.